C’est un projet à près d’un demi-milliard d’euros, fruit de 4 ans de réflexion et représentant un grand pas pour l’énergie verte en France. A Port-Jérôme, en Seine-Maritine, sera construite d’ici 2022 une usine de production d’hydrogène par électrolyse.

20000 m³ d’hydrogène par heure

L'eau et les énergies renouvelables, les deux "carburants" de cette usine particulière.

L’eau et les énergies renouvelables, les deux « carburants » de cette usine particulière.

La majorité de l’hydrogène produite aujourd’hui se fait par reformage de méthane (48% de la production) ou à partir d’autres carburants fossiles (48%). Seul 4% de la production d’hydrogène se fait par électrolyse (source). Ce dernier procédé, simple mais énergivore, consiste à faire parcourir un fort courant à travers une solution et ainsi « briser » les molécules d’eau pour récupérer de l’oxygène et de l’hydrogène gazeux.

Si ce procédé est gourmand en énergie, il a le mérite de pouvoir se faire à partir de ressources renouvelables. C’est sur ce procédé que mise H2V Production, société créée en 2016 par Lucien Mallet, ingénieur des mines, et Alain Samson, fondateur de Samfi-Invest. Si l’hydrogène ainsi produit coûte plus cher que l’hydrogène « gris », H2V mise sur l’augmentation de la taxation environnementale sur les énergies fossiles dans les années à venir pour inverser la tendance.

L’usine aura une consommation de 500 MW, l’équivalent d’une demi-tranche de réacteur nucléaire, mais c’est avec de l’énergie 100% renouvelable que l’usine devra s’approvisionner.

Rendre « plus vert » l’hydrogène d’Air Liquide

Voiture électrique à hydrogèneSi l’hydrogène ainsi produit sur le site de Port-Jérôme pourrait être directement utilisé par l’industrie (pour la désulfuration des essences par exemple), le principal débouché pourrait être tout à fait différent, et soutenir… la production d’hydrogène gris réalisé par Air Liquide.

Ce dernier produit actuellement son hydrogène par reformage de méthane, un procédé qui rejette 200 000 t de CO2 par an. Le bilan écologique n’est pas aussi noir que le chiffre le laisse entendre, puisque qu’il utilise comme réactif principal du méthane, au pouvoir d’effet de serre bien plus important. Néanmoins, en recaptant ce CO2 pour le faire réagir avec le dihydrogène produit par H2V Production, Air liquide pourrait valoriser la moitié de ce dioxyde de carbone en biométhane. 

Une forme de cercle vertueux alimenté par des énergies renouvelables qui permettra de rendre significativement plus propre une industrie dont les débouchés à venir son vastes, comme par exemple les voitures électriques à pile à combustible, combinant la propreté de l’électrique et l’aspect pratique d’un carburant plus classique comme le GPL.

L’usine devrait être mis en service entre 2021 et 2022 et employer 180 personnes dès le démarrage, dans la production d’hydrogène et de biogaz. A terme, les effectifs pourraient atteindre 500 employés.