La compétitivité du travail est le sujet brûlant de ces dernières années en matière d’emploi : personne n’a par exemple pu échapper aux comparaisons entre les coûts du travail des ouvriers allemand et français. Quel que soient les analyses et points de vue sur la question, ce débat sera peut-être bientôt caduque…

3,4 % d’augmentation et un chèque de 500 millions d’euros

fonderie-acierieCe n’est ni plus ni moins ce que recevront 3,7 millions d’employés de la métallurgie. Le principal syndicat du secteur, IG Metall, avait pour objectif une augmentation de 5,5 %, ce qui correspond selon le syndicat au versement d’un cinquième des bénéfices engendrés par l’industrie métallurgique sous forme de salaire.

La métallurgie Allemande dans son ensemble engendre en effet plus de 50 milliards d’euros de bénéfices, pour un chiffre d’affaire de 1000 milliards, soit près du tiers du PIB du pays, et représente un emploi sur dix.

Un retour du pouvoir d’achat au niveau d’il y a 15 ans

L’Allemagne a connu depuis la réunification de nombreux chocs politiques et économiques interne, ayant conduit à une politique de libéralisation et de flexibilisation du travail conduite par les chanceliers Gerhard Schröder et Angela Merkel.

Cela a conduit à une diminution du pouvoir d’achat des ouvriers, qui était en 2009 inférieur de 4,3% à celui de 2000, toujours selon le syndicat IG Metall. L’importante augmentation négociée devrait ainsi ramener le pouvoir d’achat réel des salariés de ces industries au niveau d’il y a quinze ans.

Une « coup de boost » pour la compétitivité française !

Le coût du travail français a été pendant un certain temps inférieur à celui du salarié allemand (24,4 € de l’heure en France contre 26,34 € de l’heure en Allemagne en 2000). Tout au long des années 2000, le coût du travail français a pratiquement augmenté de moitié, quand celui des allemands n’a progressé que d’environ 25 %. Cela a provoqué l’inversion de compétitivité pointé par de nombreux analystes comme la cause de la perte de nombreux emplois dans l’industrie.

Sauf que voilà, depuis 2012, la tendance s’est inversée rapidement : les salaires français stagnent, alors que ceux de l’Allemagne (+14% depuis 2012 Outre-Rhin !), au point que dans le secteur de l’industrie métallurgique, le coût du travail français est repassé en dessous de celui de l’Allemagne ! L’explication est simple : les ouvriers et salariés Allemands attendent aujourd’hui les fruits des efforts consentis depuis la réunification, tandis que la France connait actuellement la politique de réduction des coûts du travail que l’Allemagne a déjà entrepris une décennie plus tôt.

Après la métallurgie, des négociations devront suivre dans le secteur de la chimie, l’autre grand secteur industriel Allemand. Si la tendance de ces deux dernières années se confirme de part et d’autre du Rhin, la France pourrait bien repasser devant l’Allemagne en matière de compétitivité globale d’ici à 2017, de quoi donner un peu plus d’huile au moteur de la reprise !